Ainsi donc, même s’il ne semble guère convaincu par une mesure qu’il ne continuera pas si elle ne marche pas, le président Macron va quand même appliquer le 80 km/h au 1er juillet.
C’est pourtant une décision qui ne passe pas (les trois quarts des Français sont contre et ils vont manifester ce week-end), dont la justification est tout sauf scientifique (expérimentation incomplète, travaux d’aménagement impactant le résultat, argumentaire préparé pour les préfets avec des chiffres fantaisistes) et qui ne servira à rien, si ce n’est continuer à justifier un système de contrôle-sanction automatique qui sert plus à remplir les caisses de l’État qu’à sauver des vies.
On peut se demander, à l’heure de la voiture connectée et du Big Data comment un tel exploit a été rendu possible.
Le 80 km/h est né dans un cénacle qui s’appelle le CNSR (Conseil National de Sécurité Routière), un organe dont les « experts » (ils s’y connaissent en automobile comme moi en point de croix) sont censés alimenter en idées une administration qui ne connaît qu’une méthode, la répression. Rappelons qu’elle est reliée au ministère de l’Intérieur, et non aux transports.
Il y a juste une obsession à propos de la vitesse. C’est d’ailleurs le seul sujet qui intéresse les associations de victimes, dont on ignore le nombre de membres (et à propos du financement desquelles on peut se poser des questions) mais qui est un lobby très puissant. Bien plus que celui de l’automobile, sur lequel tout le monde fantasme. Vous trouvez que je les charge un peu trop ? Tous ces brillants cerveaux ont contribué à l’adoption de 80 mesures depuis 2015, dont l’effet a été nul sur la mortalité routière.
Ce qui m’a choqué, c’est que lors de la présentation de son plan, le 9 janvier, Édouard Philippe n’a même pas mentionné le fait que l’appel d’urgence embarqué allait devenir obligatoire le 31 mars dans toute l’Europe. Une mesure qui va pourtant sauver bien des vies, elle.
Reconnaître que la voiture connectée peut sauver des vies est sans doute un crève-cœur pour tous ces grands spécialistes qui connaissent si bien l’automobile. Et pourtant, il va falloir s’y habituer. Parce que l’Europe veut rendre les infrastructures connectées. Parce que l’industrie automobile va de toute façon intégrer des liaisons sans fil (Wi-Fi ITS-G5, 5G) qui vont permettre aux véhicules de signaler mutuellement leur présence et d’échanger des données sur les accidents, les bouchons et les travaux. C’est une révolution qui nous attend !
Comment un président qui veut faire de la France une start-up Nation peut-il accepter une Stupid administration ?
Lire la suite sur Contrepoints, par Laurent Meillaud.