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A bord des navettes autonomes Navya Arma de Keolis (SNCF) à la défense

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Le véhicule autonome, ce n’est pas que l’automobile individuelle. C’est aussi une révolution en cours dans les transports publics collectifs. A l’image du métro automatique, une réalité depuis la fin des années 1990 et la ligne Météor à Paris, les bus et les tramways entament leur mue vers une conduite… sans conducteur. Nouvelle preuve avec la navette mise en service l’été dernier et proposée jusqu’à la fin de l’année sur le parvis de La Défense.

Des navettes autonomes en service depuis le 29 juin

De loin, on dirait un œuf vitré sur roues. La navette Arma, conçue et fabriquée par le constructeur français Navya, promène sa silhouette symétrique au pied des gratte-ciels et de la Grande Arche de La Défense. En silence, et en se jouant des piétons, rois de cette dalle à la circulation automobile quasi interdite. Ce lieu est depuis l’été le terrain d’expérimentation choisi par Île-de-France Mobilités (IDFM), anciennement Syndicat des Transports d’Île-de-France (STIF), pour déployer un service de transport « dernier km » au départ de la bouche de sortie du RER. En semaine, deux parcours sont proposés : vers le Pôle Valmy et les tours de la Société Générale ; et de l’autre côté vers l’Université Léonard de Vinci. Le weekend, un troisième parcours est proposé jusqu’à l’Esplanade de la Défense, au caractère plus touristique.Le service est exploité par Keolis, opérateur de bus, tramway et métro filiale du Groupe SNCF. Jean-Philippe Leseigneur, responsable du projet pour la partie exploitation, nous explique : « Keolis a répondu à un appel d’offres du STIF que nous avons remporté face à RATP et Transdev, en étant associé à Navya qui est le constructeur de la navette et le créateur du logiciel. La mise en service a eu lieu le 29 juin 2017 et l’expérimentation a lieu pendant 6 mois jusqu’à la fin de l’année. » En effet, après Transdev au Salon Transports-Publics l’an passé, et RATP sur le Pont Charles-de-Gaulle en début d’année, c’est au tour de Keolis de proposer un test grandeur nature de navette sans chauffeur.

La quête du dernier kilomètre

Le sens d’un tel service est la prise en charge du dernier kilomètre, jusqu’aux bureaux, foyers, et les commerces. Il peut aussi être touristique, ainsi Navya exploite depuis plus de 18 mois une ligne dans le quartier Confluences à Lyon (Navly). La start-up française a aussi déployé ses Arma à Guyancourt au siège de Bouygues, à Londres et même à Las Vegas. A La Défense, la demande venait de certaines entreprises dont Société Générale, légèrement éloignée de la station de RER. A l’issue de cette phase d’expérimentation, la ligne pourrait être pérennisée par IDFM.

Un tel test réclame une infrastructure spécifique. La maintenance mécanique des navettes a lieu à Nanterre, au dépôt bus de Keolis, tandis que la maintenance informatique est réalisée en direct depuis Navya à Lyon, via les caméras embarquées et la connexion internet. En cas de grosse maintenance (batteries, portes, radars…), le véhicule doit être rapatrié à Lyon. Détail amusant : remarquez les jantes directement issues de la banque d’organes… PSA !

En voiture, autonome !

Concrètement, la navette a besoin de deux informations pour avancer : la perception de l’environnement, et une connexion GPS. Elle est d’abord programmée avec un ingénieur à bord, pour enregistrer le trajet à parcourir. En circulation, elle compare ce parcours à sa perception des environs, au moyen de 8 capteurs : 3 à l’avant, 3 à l’arrière, ainsi que 2 latéraux. Si sa perception de l’environnement remarque une différence entre ce qu’elle lit et ce qu’elle est censée trouver, elle s’arrête.

Il lui faut aussi, pour se diriger, une connexion GPS : en moyenne, le véhicule est connecté à 8 ou 9 satellites, et jusqu’à 17 au maximum. Si en revanche le contact se fait avec moins de 6 satellites, la navette s’arrête et ouvre ses portes pour laisser descendre les passagers. A La Défense, les pertes de GPS peuvent survenir à cause du bâti -le signal étant détourné par les immeubles. Au cas où, et notamment pour les procédures de départ et d’arrivée, un mode manuel est prévu, commandé avec une… manette de X-Box !

Une première mondiale !

La présence de l’opérateur à bord n’est cependant que de courte durée : depuis la mi-octobre, les navettes s’en passent ! Le Ministère des Transports a donné son aval à ce qui est une première mondiale, la circulation autonome en espace public urbain sans aucun conducteur à bord. Le pari de faire circuler de telles navettes sans chauffeur sur l’une des dalles les plus piétonnières d’Europe peut interroger, mais il rappelle le défi que s’était lancé la RATP lors de l’automatisation de la Ligne 1 du métro, la plus chargée du réseau avec ses 725 000 passagers/jour.

Les Lidars, les caméras et l’odométrie sont donc maîtres à bord, avec une détection de l’environnement à 3 mètres à la ronde, y compris des piétons et même des pigeons. Si les obstacles sont à moins d’1 mètre de la navette, celle-ci s’arrête… et klaxonne. On n’est pas en Île-de-France pour rien ! Au début, les Lidar ont eu du mal à se guider à coté de la Grande Arche, leur laser étant réfléchi par les marches par exemple. Localement, une ligne blanche est donc tracée au sol pour aider le véhicule à avancer.

Quelques chiffres

En moyenne, la vitesse à La Défense oscille entre 5 et 7 km/h, guère plus vite que la marche finalement. En soirée, les opérateurs tentent de monter la vitesse à 10 km/h, le maximum autorisé par la Préfecture. En théorie, le Navya Arma est capable de pointes à 45 km/h et d’une moyenne à 25 km/h, s’il n’y pas de piéton dans les alentours.

A bord, 15 passagers peuvent prendre place dont 11 assis. Le parcours se fait en silence, même si la faible isolation phonique des véhicules laisse entendre quelques grincements de mobilier. Les navettes disposent d’une autonomie de 9 heures sans clim (6 heures avec), et sont rechargées sur secteur la nuit (4 heures pour une charge complète). Après la pointe du matin, à 10h, comme 12% de l’énergie en moyenne a déjà été épuisé, les navettes se relaient pour faire un complément de charge avant midi.

Le futur des transports ?

Soyons clair : l’on est encore loin de l’automatisation complète de tous les transports. De telles navettes viennent en concurrence de services marginaux (navettes d’entreprise) et ouvrent surtout la voie à des transports de plus en plus en proches de leurs utilisateurs. Il ne s’agit pas de remplacer les bus standards 12m ou les bus articulés. La cible commercial sont les navettes privées en sites propres, pour laquelle l’Arma est proposée à 9500 € HT/mois pour a minima 60 mois, ce qui inclut le véhicule, l’assurance, la supervision et la maintenance.

Au-delà, il ne s’agit pas à l’heure actuelle d’un service rentable. Une Navya Arma coûte 250 000 € pièce, et au total il n’y en a qu’une cinquantaine dans le monde, commercialisées depuis septembre 2015. En France, 3 sont en service avec Keolis, 6 chez EDF dans la centrale de Civeaux, et quelques autres chez Transdev qui réfléchit aussi à leur exploitation. Dernier contrat en date, c’est Aéroports de Paris qui en a acquis pour une circulation sur route ouverte avec feu de circulation sur le parcours, pour rejoindre le RER B.

300 passagers/jour !

Pour l’heure, 24 500 voyageurs ont emprunté ce service en 2 mois. Cela fait une moyenne de 300 utilisateurs par jour, à comparer aux 20 000 personnes transportées en un an à Lyon… et aux 500 000 badauds qui circulent quotidiennement à La Défense. L’offre est clairement une niche, mais qui rencontre son public. Des évolutions sont aussi à l’étude pour étendre le parcours, ou en étendre la plage horaire.

Navyar a recensé au total 170 000 passagers transportés en 2 ans par ses Arma, qui sont déployées sur les 5 continents, y compris en Suisse (avec Carpostal), au Qatar (pour le Smart Transport de Doha) et jusqu’en Australie (Rac Intellibus de Perth) ou la Nouvelle Zélande (à l’aéroport de Christchurch). De leur côté, les navettes EasyMile de la RATP seront aussi testées prochainement entre les Château et le Bois de Vincennes, ainsi que sur le plateau de Saclay, là encore pour effectuer des missions de petites distances et de « dernier kilomètre ».

En attendant, chaque soir à La Défense, les navettes rentrent dans deux conteneurs provisoires derrière la Grande Arche. Ce n’est pas une mince affaire car les-dites boîtes ne sont que 2 cm plus larges que les navettes. Et cette manœuvre demeure humaine… pour combien de temps ?

Source

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