Le « sens de l’histoire » : la rhétorique, dans le discours politique, est éculée. Tous hégéliens les politiques ? Pas vraiment, explique Benoît Duteurtre.
Qu’une voix s’élève pour contester telle réforme ou tel aménagement urbain, les nouveaux élus dégainent leur formule : « C’est le sens de l’histoire ».
« Nous allons continuer, améliorer l’existant, réaliser de nouvelles pistes, piétonniser et apaiser de nouveaux quartiers. C’est le sens de l’histoire, c’est pour cela que nous avons été élus ! » Depuis déjà plusieurs années, Anne Hidalgo s’abrite derrière cette formule en affirmant que ses projets pour la capitale vont « dans le sens de l’histoire » – un sens qui l’autorise à bouleverser celui de la circulation en déclarant que, désormais, « on ne pourra plus traverser Paris d’est en ouest en voiture ».
[Que ce soit pour le communisme ou pour certains styles musicaux], le vrai sens de l’histoire ne se révèle qu’après coup.
De même, s’il importe de lutter contre la pollution (en empruntant le train, en favorisant le petit commerce, en réinventant l’agriculture locale…), je me méfie de ceux qui, au nom d’une histoire écrite d’avance, jugent urgent […] de transformer tous les automobilistes en cyclistes et de remodeler nos villes dans cet unique objectif qui fait ressembler Paris au Pékin des années 1960.