Dans un rapport de l’ART, à paraître fin janvier, mais que le Canard Enchaîné a pu consulter, les tarifs autoroutiers sont de nouveau pointés du doigt. Les tarifs autoroutiers sont centraux dans la politique de transport. En effet, plus de 85% de toutes les marchandises sont livrées par la route et plusieurs dizaines de millions de personnes utilisent ces infrastructures. L’enchérissement de chaque trajet est donc répercuté sur l’économie en globalité, que ce soit le prix des marchandises pour le consommateur final ou bien le reste à vivre pour un foyer. Les péages rapportent près de 11 milliards d’euros par an, soit 165 euros par Français par an.
Trop de cadeaux de la part de l’Etat
L’ART mentionne ses différentes actions pour annuler des cadeaux, comme par exemple plusieurs aménagements prévus dans le cadre d’un plan d’investissement de 127 millions d’euros que l’Etat souhait prendre en charge, mais qui incombaient bien aux sociétés concessionnaires d’autoroutes (SCA).
Des augmentations de tarifs 2,5x plus importantes que l’inflation
Si les tarifs autoroutiers sont bien indexés sur l’inflation, l’augmentation de 4,75% aurait due être de 1,8%. En effet, les prix de l’énergie et des matériaux ont certes augmenté, mais les charges d’exploitation ne représentent que 30% des charges totales. L’ART recommande, pour les contrats à venir, de renoncer à une indexation des péages sur les indices de coûts, ou, a minima, d’en corriger le calibrage. L’ART évoque ainsi un coût de 5,4 milliards d’euros courants pour les usagers, cumulé sur toute la durée de la concession.
La baisse des prix n’avait pas été pris en compte par les sociétés
Inversement, lors de la légère déflation en 2019 (-0,23%), les tarifs ont augmenté de 0,45% au lieu de 0,29% (certains indices ont tout de même augmenté), ce qui représente une somme de 274 millions d’euros pour les usagers. Soit environ 7 euros par usager par an.
Une clause suspecte ajoutée par Emmanuel Macron
En 2015, Emmanuel Macron, ministre de l’économie, avait ajouté une clause contre les “surprofits” des SCA. Or, selon le rapport de l’ART, cette clause relevait plus de la communication que d’un réel outil. En effet, pour que cette clause indexée sur la rentabilité des sociétés s’applique, il aurait fallu que le trafic augmente entre 13% et 26% par an selon les tronçons ! Ainsi, parier sur un quadruplement de la circulation dans les 10 prochaines années n’est pas très réaliste…