Ndlr : il s’agit ici d’un article provenant du Québec
S’opposant à l’augmentation des limites de vitesse qui a été brièvement discutée récemment par le ministre Poëti, Jean-Marie De Koninck, président de la Table de la sécurité routière, affirmait qu’une augmentation de la vitesse moyenne pratiquée de 1 km/h entraînerait automatiquement une détérioration du bilan routier de 3%. (ndlr : en France, les autorités gouvernementales prétendent qu’il serait de 4%, mais ne se base sur aucune étude scientifique)
Cette affirmation est cependant contredite par le consensus grandissant qui ressort de l’analyse scientifique du comportement d’automobilistes dans différentes juridictions à travers l’Amérique du Nord et ailleurs, tels le Texas, l’Utah, le Kansas, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan, le Danemark et la Hollande. La Colombie-Britannique vient d’ailleurs de joindre une soixantaine d’autres juridictions à travers le monde en augmentant ses limites de vitesse sur les autoroutes au-delà de 100 km/h (dans son cas, à 120 km/h).
Selon son ministre des transports, les faits (tels que démontrés par un nombre grandissant de recherches) sont là, malgré le scepticisme :
« Quand les automobilistes circulent tous généralement à la même vitesse – plutôt que d’avoir certains automobilistes qui roulent beaucoup plus vite ou beaucoup plus lentement que le débit naturel de circulation – le corridor de circulation est plus sécuritaire. »
Ce ne serait donc pas la vitesse en soi, mais les variations de vitesses entre les véhicules qui causent principalement les accidents. On a ainsi pu noter une diminution des accidents de la route après que les États-Unis aient aboli la limite de 55 mph qui avait été instaurée au milieu des années ’70.
Les automobilistes roulent à des vitesses qu’ils jugent sécuritaires, peu importe les limites de vitesse. Par contre, ils excèdent généralement les limites de vitesse imposées artificiellement, mais respectent celles qui sont imposées sur des bases scientifiques.
Les limites de vitesse ne changent pas radicalement le comportement des automobilistes. Par exemple, l’Utah a porté de 75 à 80 mph la vitesse limite sur certains des tronçons les plus larges et sécuritaires de l’Interstate numéro 15. On n’a noté aucun accroissement du nombre d’accidents. En outre, la vitesse réelle observée n’a pas fondamentalement augmenté. Ainsi, lorsque la vitesse était limitée à 75 mph, 85% des vitesses mesurées se situaient entre 81 et 85 mph. Aujourd’hui, 85% des vitesses mesurées sont entre 83 et 85 mph. La modification n’a donc pas conduit à une augmentation déraisonnée de la vitesse, mais plutôt à une « légalisation » des dépassements enregistrés.
Ceux qui appuient les augmentations des limites comme moi ne veulent pas nécessairement leur abolition. Ils réclament plutôt d’appliquer des limites de vitesse égales à la vitesse qui est déjà suivie par 85% des automobilistes. Ce concept implique que la plupart des automobilistes savent quelle est la vitesse naturelle à adopter. Les policiers pourraient dès lors se concentrer sur les chauffards dangereux au lieu d’être des collecteurs de « tickets » (ndlr amendes) pour gonfler les coffres de l’État. Une telle pratique permettrait aussi une plus grande consistance dans les limites de vitesse et réduirait les variations de vitesse et donc les accidents.
Ndlr : d’autres études scientifiques, étouffées en France, le soulignent. Par exemple, augmenter de 10% la limite de vitesse permet de réduire la mortalité de 3 à 5,4 % !