En 2018, l’obtention d’une simple vignette Crit’Air à 5 euros ne peut pas se faire en ligne. Pis, le process est si complexe qu’il coûte bien plus cher à la collectivité. Une démonstration flagrante de l’absurdité de notre bureaucratie.
LES INVRAISEMBLABLES DÉMARCHES POUR OBTENIR LA VIGNETTE
1) Vous allez sur Internet, pour indiquer les caractéristiques de votre véhicule ;
2) Vous payez 1 euro avec votre carte bancaire ;
3) Vous imprimez une demande préremplie que vous signez avec la mention « lu et approuvé » ;
4) Vous envoyez cette demande par courrier postal à Douai ;
5) Vous joignez un chèque de 4,18 euros à l’ordre de « Imprimerie nationale » ;
Pourquoi ne pas le faire par Internet, à partir du fichier des immatriculations, sans l’intervention manuelle des fonctionnaires du Service de délivrance des certificats qualité de l’air, installé à Douai ?
NDLR : pour ne citer que nos voisins allemands, il est possible que la vignette soit délivrée par un garage agréé. Pour éviter toute falsification/délivrance de complaisance, toutes les vignettes sont traçables et sous la responsabilité du garage.
On passera sur l’idée qu’il y a là un nouvel impôt, qu’il a pour but de restreindre l’utilisation du diesel, qu’il commencera petit et grimpera. On ne rappellera pas que l’utilisation du diesel a été encouragée par l’État durant des décennies. Notre point sera la complexité du process et ses coûts induits pour l’administration et ses usagers.
Cherchons à capturer l’ordre de grandeur : pour collecter 5,18 euros, l’usager passera au minimum une heure, il dépensera un timbre, du papier, une enveloppe, ira poster sa lettre. Du côté de l’administration, probablement autant de temps passé et de coûts. Si on rajoute le temps consacré à gérer les pénalités, disons deux heures au total par acte. On peut estimer le coût induit à 18 euros (en s’amusant à diviser le PIB par tête de la France par le nombre d’heures éveillées), soit l’équivalent de plusieurs fois la somme collectée. En d’autres termes, du temps productif est détourné au profit d’une paperasserie inutile.
Article initialement publié sur Les Echos.