La piste cyclable créée sur la voie express rive droite de la Seine à Paris 16° ne connaîtra jamais le succès si on n’y apporte pas des modifications fondamentales, nous démontre Abel Guggenheim. Sa conception actuelle la rend impossible ou très difficile d’accès et ne desservant que peu d’origines et destinations.
La création de cette piste a donné lieu à l’habituelle avalanche de critiques qui accompagne, depuis 1996, presque tous les aménagements, qu’ils soient faits par Jean Tiberi, Bertrand Delanoë ou Anne Hidalgo. Celle-ci a entraîné, symétriquement, un concert de louanges pour ce qui est présenté comme un élément du Réseau Express Vélo (REV) prévu dans le cadre du « plan Vélo » de la Ville de Paris.
Le choix a été fait de mettre la piste cyclable côté Seine, et de laisser le côté bâti à la file motorisée : l’accès à la piste cyclable ne pouvait donc se faire qu’en posant des feux tricolores sur la voie motorisée. Mais un seul accès a été prévu ainsi, au droit de la Maison de la Radio, à environ 700 mètres de l’entrée côté Chaillot. Aucun autre accès sur les 2 kilomètres entre la Maison de la radio et l’entrée de la voie automobile sur le quai Saint-Exupéry.
De plus, les rares accès à cette piste sont tous particulièrement catastrophiques, faits à l’économie et toujours traités marginalement, sans toucher le moins du monde à la circulation motorisée.
Les techniciens ont imaginé un cheminement particulièrement complexe pour atteindre la piste cyclable : il convient, en venant de la place de Varsovie devant le palais de Chaillot, de se ranger sur la droite, d’attendre le feu rouge pour traverser la moitié de la chaussée (ensemble de la circulation venant du centre de Paris et voie réservée au bus 72 dans l’autre sens), puis d’attendre sur l’étroit terre-plein central que le feu piétons-vélos passe au rouge pour ces files et au vert pour les autres. Si tous les cyclistes rejoignent la piste cyclable par ce cheminement, ce terre-plein pouvant au maximum accueillir 3 vélos à chaque cycle de 80 secondes, la capacité maximale à l’entrée de la voie sur berge est de 135 cyclistes à l’heure.
Deux semaines après la mise en service officielle, les cyclistes ont déjà trouvé des accès moins malcommodes et plus capacitaires. Certains prennent directement, à partir du pont d’Iéna, le côté Seine, soit sur l’étroit trottoir plein de touristes, soit même à contresens sur la chaussée. Il est à craindre que cette solution soit de plus en plus pratiquée, bien qu’elle ne soit pas sans risques.
NDLR : on notera que, au milieu des critiques des pistes cyclables, cet article reproche à la mairie de ne pas avoir assez pénalisé les automobilistes. (“Un réseau automobile peu pénalisé”) sic !