L’Etat devra débourser 3 milliards d’euros par an à partir de 2019 pour financer les infrastructures de transport, selon le président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France Philippe Duron.
Le financement de l’Etat en faveur des infrastructures de transport « représente 0,94% du PIB, ce qui est plutôt bien », a commenté le président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), Philippe Duron. Pourtant le député du Calvados fait état d’un « besoin de financement supplémentaire » : « dès 2017, 2,8 milliards €, et à partir de 2019, 3 milliards, et cela pour au moins trois ou quatre années », a alerté le président de l’Afitf, lors des « Rencontres transports et mobilité ».
L’écotaxe, abandonnée par le gouvernement, devait apporter 800 millions d’euros chaque année à l’Afitf. Une hausse de 2 centimes de la taxe sur le gazole (TICPE) est donc entrée en vigueur en 2015, permettant la mobilisation d’ »1,136 milliard pour l’Afitf », a salué Philippe Duron (mais insuffisant pour les besoins actuels et futurs, ndlr).
L’agence a dû cependant s’acquitter de l’indemnisation à Ecomouv, société chargée de la collecte de l’écotaxe, ce qui représentait « 500 millions cash et 500 millions en 10 ans » (total 1 milliard, ndlr), a souligné Philippe Duron, déplorant que « l’année suivante, Bercy (ait) dit: vous n’avez pas à payer deux fois l’indemnisation d’Ecoumouv’, on va vous faire une réfraction d’un peu plus de 400 millions».
Ainsi, selon lui, « pour arriver à trois milliards », l’Afitf a de nouveau besoin de deux centimes supplémentaires sur le gazole, option retenue pour l’Ile-de-France uniquement dans le projet de loi de finances, mais destinée au syndicat des transports de la région (Stif) (ce qui fait de cette promesse une promesse non budgétée et donc incertaine, ndlr)
Philippe Duron a également évoqué « d’autres ressources, pas des ressources budgétaires, mais des ressources type redevance », comme la taxe carbone, écartée par Bercy, ou l’instauration d’une vignette, pour les poids lourds ou l’ensemble des véhicules, qui pourrait rapporter « 3 milliards d’euros par an ».
Il a avancé d’autres pistes, comme un travail sur la tarification, pour que l’usager paie une part plus importante de son trajet que les 30% actuels, l’amélioration « des performances de nos systèmes de transport », ou la réalisation de certains travaux en partenariat public privé (PPP).
Le président de l’Afitf a également plaidé pour « une loi de planification à 15 ans et une loi de programmation à 5 ans ».
NDLR : l’Afitf perçoit différentes taxes et aides de l’Etat et les redistribue à des gestionnaires d’infrastructures de transport, tout mode de transport confondu. L’équivalent allemand est la VIFG, voir également cet article pour plus d’informations sur les modes de financement des infrastructures de transport en Europe.