Une juge d’instruction d’Evry et l’ IGPN enquêtent, depuis la mi-juillet, sur la mort suspecte d’un homme de 34 ans, lors de sa garde à vue. Il avait été interpellé pour un excès de vitesse à moto et conduit au commissariat d’Arpajon, en Essonne. Retrouvé pendu, il est mort cinq jours plus tard.
Le 3 juillet dernier, à Brétigny-sur-Orge, un motard de 34 ans est interpellé pour excès de vitesse, 155 km/h sur une route limitée à 90 km/h. Il est conduit au commissariat d’Arpajon, en Essonne, où il est placé en garde à vue. D’après le témoignage des policiers, ils se seraient absentés un quart d’heure et, à leur retour, auraient retrouvé l’homme, en position assise, dos au mur, pendu à ses chaussettes de sport, qu’il aurait fait passer entre deux trous d’aération de la vitre en plexiglas de sa cellule. Les pompiers du Samu sont immédiatement alertés. Le motard, transféré à l’hôpital ne se réveillera jamais de son coma. Il meurt cinq jours plus tard.
Divergences entre rapport d’autopsie et version policière
Placé en garde à vue au commissariat d’Arpajon, cet homme a été retrouvé pendu dans sa cellule. Il a été déclaré mort cinq jours plus tard à l’hôpital. L’avocat de la famille, Me Jean Tamalet, pointe « plusieurs incohérences » dans le dossier. « La première d’entre elles, c’est le principe même du passage à l’acte, qui est complètement incompatible avec la personnalité de Lucas M. », explique-t-il, décrivant « un homme épanoui, heureux, stable et équilibré ».
Les deux policiers qui ont mené la garde à vue affirment s’être absentés de la cellule pendant un quart d’heure. À leur retour, ils assurent avoir retrouvé le jeune homme en position assise, « pendu à ses chaussettes de sport ». Celles-ci étaient « attachées dans la bouche d’aération, qui est à peu près à 80 cm du sol », rapporte l’avocat.
C’est donc une pendaison assis, en se penchant vers l’avant. On imagine la scène. Si ce n’était pas dramatique, c’en serait grotesque, tellement ce n’est pas crédible: Maître Jean Tamalet, avocat de la famille.
Deux médecins légistes ont constaté par la suite que « le sillon », autrement dit la cicatrice laissée par l’étranglement sur le cou de la victime, « ne dépasse pas cinq millimètres en son point le plus large », poursuit l’avocat, ce qui est, selon lui, « complètement incompatible avec une paire de grosses chaussettes de sport ». Dans son rapport, le médecin du Samu évoque d’ailleurs un étranglement « avec un lacet » et non pas avec des chaussettes.
« Acte de violence » ou « scène de suicide maquillée » lors de la garde à vue
Lors de la restitution des affaires de la victime à la famille, « on trouve un lacet, isolé, l’autre lacet étant toujours sur la chaussure », affirme Jean Tamalet, qui imagine deux scénarios : « Soit il y a eu un acte de coercition, un acte de violence, dans le cadre de l’arrestation, et cet acte de coercition a mal tourné », soit « les policiers l’ont laissé entrer dans cette cellule avec ses lacets [ce qui est interdit par la procédure], commettant là une faute dramatique ». Les policiers auraient donc ensuite « maquillé la scène du suicide », en « retirant le lacet », en « mettant des chaussettes à la place » et en « mentant sur des PV, ce qui est un crime », poursuit l’avocat.
Une information judiciaire a été ouverte pour recherche des causes de la mort. Parallèlement, la famille de la victime a porté plainte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « homicide involontaire par manquement à une obligation », altération de preuves », « faux en écriture publique » et « non assistance à personne en péril ».
Nous pouvons, une nouvelle fois, nous interroger sur la pertinence de la procédure ayant conduit à cette mise en garde à vue par rapport aux consignes de non intervention sur des faits similaires en rapport avec la Sécurité Routière commis dans des quartiers sensibles.
Sources France Info , France bleu et Médiapart