Un inspecteur général a fait intervenir trois fonctionnaires pour une fuite d’eau dans son immeuble.
Nature de l’affaire : fuite d’eau. Elle est racontée par un procès-verbal que nous nous sommes procuré, dressé samedi 18 novembre. Ce matin-là, Philippe Prunier, inspecteur général de la police nationale, est contrarié : il ne peut pas prendre sa douche. Il file chez sa gardienne, qui lui confirme que l’arrivée d’eau a dû être coupée dans tout l’immeuble – un beau bâtiment du quartier Convention, dans le XVe arrondissement de Paris- à cause d’une fuite dans un appartement du septième étage. Le procès-verbal précise que «l’eau coulait depuis 3 heures du matin», s’infiltrant dans les parties communes et dans un appartement du sixième étage. Le ou la locataire n’était pas joignable et la gardienne n’avait pas de double des clés.
«L’abolition des privilèges, c’est pas pour tout de suite»
Agacé, le directeur adjoint de la DSPAP (direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne), à la tête de 18 000 policiers, demande alors à un équipage du commissariat du XVed’intervenir pour régler la situation. «Sur ordre hiérarchique», précise le procès-verbal, les trois fonctionnaires se rendent sur place et constatent que la fuite est si légère que «les sapeurs-pompiers ont refusé de se déplacer».
Les policiers auraient cherché en vain une vanne extérieure pour couper l’arrivée d’eau dans l’appartement d’où partait la fuite. Durée de l’intervention : 25 minutes. Finalement, la situation ne sera rétablie qu’aux alentours de 19 heures.
Contacté par nos soins, l’intéressé n’a pas répondu à notre demande d’interview. Aussitôt informé de «l’affaire», le syndicat policier Alliance 75 a publié un tract sur sa page Facebook : «Tu habites le même immeuble qu’un directeur adjoint de service actif de la PP (préfecture de police, NDLR) ? Tu auras la chance d’avoir 4 fonctionnaires (3 en réalité, NDLR) de police mobilisés pour venir couper l’arrivée d’eau d’un appartement (…) dont les dégâts ne génèrent même pas le déplacement des sapeurs-pompiers. A coup sûr, tout l’immeuble pourra prendre sa douche !»
Le tout coiffé d’un titre assassin : «L’abolition des privilèges, c’est pas pour tout de suite».