On le répète régulièrement, et on le regrette parfois, la politique de sécurité routière se résume souvent au tout radar.
Fonctionnement
Le système fonctionne grâce à l’analyse en temps réel des mouvements des piétons et des véhicules. Le système est équipé de cinq caméras. Les deux grosses caméras servent à analyser les mouvements des piétons, deux autres associées à des systèmes de lecture automatique de plaque (LAPI) servent à analyser le mouvement de voitures et une dernière petite caméra tout en haut permet d’enregistrer la scène complète lorsque le système détecte une infraction. Les scènes enregistrées sont ensuite envoyées à la police municipale qui pourra vérifier si l’infraction est bien réelle.
Ce dispositif est donc un système de vidéo-verbalisation, technique qui permet aux forces de l’ordre d’utiliser des images vidéos pour verbaliser à distance des infractions au Code de la Route.
Verbalisation
La presse l’a rapidement baptisé avec un joli nom de « radar piéton ». […] Le Code de la route s’applique, en effet, à tous les usagers de la route parmi lesquels les piétons. Lorsqu’un piéton souhaite traverser la chaussée il doit commencer par emprunter un passage clouté (Cf. article R.412-37 du Code de la route). En l’absence de passage protégé à moins de 50 mètres, le piéton peut librement traverser la chaussée, il doit néanmoins le faire « perpendiculairement à son axe ». […]
Mais même une fois sur le passage clouté, les piétons ne peuvent pas faire comme bon leur semble. L’article R. 412-38 est très clair : « les piétons ne doivent s’engager qu’au feu (pictogramme) vert ». Le Code de la route prévoit pour les piétons qui entameraient la traversée alors que le pictogramme est rouge une amende. Ce n’est toutefois pas avec les quatre euros prévus pour une amende de première classe que les municipalités risquent d’amortir l’investissement que représente l’installation d’un radar piéton.
Autre problème : le radar piéton ne permet pas l’identification du piéton contrevenant. Fort heureusement le Code de la route ne contraint pas les piétons à s’équiper d’un gilet fluorescent muni d’une plaque d’immatriculation.Jusqu’à ce que les progrès en matière de biométrie ne fassent sombrer la société dans un univers digne de George Orwell, les piétons seront donc à l’abri de verbalisation par traitement automatisé.
Tel n’est bien évidemment pas le cas des conducteurs de véhicules immatriculés qui seront, par ailleurs, bien plus lourdement sanctionnés que les piétons. L’article R. 415-11 du Code de la route prévoit, en effet, que « tout conducteur est tenu de céder le passage, au besoin en s’arrêtant, au piéton s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire. » En cas d’infraction, le contrevenant en sera quitte pour une amende de 135 euros (90 euros en tarif minoré) et une perte de quatre points sur le permis de conduire.
Coûts : au moins 11 infractions/mois nécessaires
D’après les chiffres fournis par Autoplus, le radar piéton est vendu 30 000 euros ou disponible en location pour 1000 euros par mois.
NDLR : en 1967, il y avait 3 120 piétons qui décédaient sur les routes, contre 460 en 2015. Aussi, la France est le 8ème pays européen en terme de sécurité des piétons. Enfin, seuls 30% des piétons décédés en 2015 sur la route en France l’ont été sur un passage piéton, soit environ 138. Rendez-vous l’année prochaine pour vérifier l’impact de ces radars !