Ce jeudi matin, vers 10h, pour la quatorzième fois en deux ans, un véhicule vient de s’encastrer sous l’un des portiques installés aux extrémités du tunnel. D’habitude, c’est plutôt de la tôle froissée. Là, c’est un jeune devenu tétraplégique, entre la vie et la mort, que les secours allongent sur une civière, au bout de trois quarts d’heure d’efforts.
« Au dernier moment, il a baissé la tête », racontent les témoins. Malgré la violence du choc (ndlr : un véhicule utilitaire d’environ 2 tonnes), le portique a à peine basculé et ses deux piliers sont encore en partie fixés au sol. La barre horizontale est intacte. C’est le véhicule et son conducteur qui ont tout pris.
Sur le trottoir, un riverain, Laurent Cheminade, ne décolère pas.
« Dès la mise en service, il y a eu un premier accident. Je suis allé voir ceux qui remontaient le portique, et je leur ai expliqué qu’il fallait mettre des boulons en plastique, qui cassent en cas de choc. »
Un autre voisin, Jean-Louis Delage, s’insurge:
« On ne peut pas laisser cette guillotine au milieu de la route ! On met en danger la vie d’autrui. » [il faudrait] « utiliser des matériaux qui cassent pour cette barre »
Le directeur des services techniques, Patrick Advenier, se désole: « On vient tout juste de reculer la potence de signalisation d’une vingtaine de mètres, pour que les automobilistes aient plus de temps pour réagir. On a installé les plots sur le côté. Qu’est ce qu’on peut faire de plus ? » Depuis la mise en place des portiques, la signalisation s’est renforcée: feux, peinture au sol, panneaux. Mais rien n’y fait.
La police ne peut que constater: « Si le portique avait lâché, le camion ne serait pas dans cet état. Les secours ont mis près d’une demi-heure pour tout démonter ».
Les normes en question
Jérôme Seguy, le directeur de cabinet du préfet, s’avoue « préoccupé ». Constatant que la barre est intacte, il lâche: « L’outil est aux normes. Mais est-ce que les normes sont bonnes ? Est-ce que ça n’aurait pas dû plier ?On va se poser la question ».C’est bien là dessus que compte Xavier Bonnefont, le maire d’Angoulême: « Il faut voir avec les services de l’État si on a une marge de manœuvre, si on peut utiliser un matériel plus souple, moins accidentogène, moins dangereux. ».
Vu l’âge de la victime et sa bonne condition physique -il est étudiant en sport-, les médecins auraient l’espoir de le voir un jour marcher de nouveau.