L’émission de France inter du 17 septembre 2017 Le Téléphone sonne Peut-on avancer sans essence ? tentait de faire le tour de la question pour se déplacer sans pétrole… alors que les débats continuent de faire rage à Paris (après les pistes cyclables, autour désormais de la fin envisagée du véhicule thermique en 2030). Si la première alternative mise sur la table est l’électricité, de nombreuses questions se posent au-delà du simple « changement de moteur ».
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Quiconque raconte qu’il suffit de mettre des voitures électriques sur nos routes plutôt que des véhicules thermiques ne connaît pas l’ensemble des enjeux ou les occultent sciemment. Car aujourd’hui, la voiture électrique c’est une voiture lourde, fonctionnant au charbon et au bilan ACV (Analyse de Cycle de Vie) pas bien meilleur que celui de la voiture thermique.
Mais si l’on accepte de repenser structurellement notre système énergétique (c’est bien tout l’enjeu de la transition énergétique, penser l’offre et la demande énergétique conjointement), les solutions sont là…
Dans le monde d’aujourd’hui, la principale source d’énergie primaire utilisée pour produire de l’électricité reste le charbon (40%), puis le gaz (20%). Cela signifie trivialement que la voiture électrique est d’abord une voiture à charbon, c’est-à-dire une voiture plus polluante que la voiture essence actuelle. Ainsi, il faut rappeler cet impératif de transformation du mix électrique mondial par des énergies décarbonées, au premier rang desquelles on trouve les énergies renouvelables à plus de 20%… « revenues » au niveau des années 70 et le nucléaire qui s’effondre à 10%.
Pas grand chose n’est plus dense et facile à stocker que le pétrole. 30 fois plus dense qu’une batterie en résumé. D’où son hégémonie dans tous nos usages énergétiques, et surtout dans la mobilité. Mais ce rapport de 1 à 30 est trompeur. Il pourrait laisser penser que les jeux sont faits et que la voiture électrique n’aura jamais la performance de son homologue thermique.
D’abord, des substitutions entre moyens de stockage sont possibles : électrochimique, air comprimé, hydrogène… et des progrès techniques sont envisageables. Mais ne faisons pas de pari technologique pour l’avenir, regardons plutôt en face nos ressource.
Le rendement du véhicule est électrique est 3 fois meilleur. Cela veut dire qu’il ne faut donc pas 10kWh pour 20km, comme pour la voiture essence, mais 3kWh pour ces mêmes 20km. Le rapport de poids d’énergie à embarquer n’est pas de 1 à 30, mais 1 à 10 pour une voiture de catégorie et taille équivalente.
Il y a un peu plus de 30 ans on faisait des voitures de 800kg, elles en font plus de 1200 aujourd’hui. Face aux enjeux environnementaux actuels, pas de raison que cette obésité se poursuive dans le secteur automobile.
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