En France, c’est bien connu : la voiture est un attribut du pouvoir. C’est aussi une arme de communication comme en témoigne cet exemple tiré de la récente campagne présidentielle.
Traditionnellement, chaque candidat se voit proposer une protection du SDLP et donc une berline. Or, celle fournie à Emmanuel Macron n’est pas assez « présidentielle » pour son équipe de campagne. D’où cette décision de ses conseillers : louer -sur les frais de campagne et non à la charge de l’Etat- un modèle plus récent et plus luxueux, une routière haut de gamme de chez Peugeot.
Secret d’Etat
Quelques véhicules de marques étrangères sont tolérés dans le parc du SDLP mais interdites sur le gravier de l’Elysée, dernier refuge du savoir-faire automobile français. Parmi ces véhicules, les voitures blindées sont un vrai secret d’Etat. Pour des raisons de prestige, celles-ci, une dizaine en France, proviennent de chez Renault ou PSA (Peugeot-Citroën), directement du catalogue constructeur. Contrairement à certaines marques allemandes haut de gamme proposant du sur-mesure, il faut procéder à un blindage spécifique effectué par une société spécialisée ce qui a pour conséquence d’alourdir considérablement à la fois le véhicule et la facture (près de 300 000 EUR).
Résultat : les Renault Espace customisés de l’Elysée ne peuvent rouler à plus de 80 km/h… sous peine de ne pas pouvoir freiner. Leur utilisation se limite donc à un environnement urbain (François Hollande, dont les nouveaux bureaux sont situés rue de Rivoli, en possède d’ailleurs une). En janvier dernier à Paris, une « blindée », qui a tourné trop court, a heurté un plot par l’arrière. Emportée par son poids, la voiture s’est retrouvée sur le toit avec la personnalité protégée, membre de « Charlie Hebdo », à bord.
Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Lorsque la sécurité en a besoin pour un déplacement du président en province, la voiture blindée de l’Elysée, incapable de prendre l’autoroute, voyage… sur un camion plateau.