Suite à la polémique lancé par l’association 40 Millions d’Automobilistes, le gouvernement déclare dans un communiqué :
Le Gouvernement a au demeurant toujours indiqué que sa décision de ramener à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur le réseau bidirectionnel sans séparateur central ne se fondait pas sur cette expérimentation, très limitée dans l’espace et dans le temps. (il gagne a tous les coups 😉 ndlr)
Extraits du bilan publié par 40M :
- Sur la RN57 : l’accidentalité routière connaît cependant une augmentation en 2016, première année pleine d’expérimentation à 80 km/h. 2016 est ainsi l’année de sécurité routière la plus mauvaise depuis 2012, tous indicateurs confondus : 3 accidents sont survenus en 2016 alors qu’aucun n’était à déplorer en 2015, qui ont fait 7 victimes (contre 3 en 2012, 2013 et 2014), dont 4 hospitalisées et 1 tuée.
- Sur la RN7 : L’accidentalité repart légèrement à la hausse sur le tronçon en 2016 avec une recrudescence du nombre total de blessés (17) et surtout le nombre de blessés légers (11 en 2016, contre 7 en 2015 et seulement 3 en 2014) ; en revanche, personne n’a trouvé la mort sur cet axe cette année-là.
- Sur la RN151 : Si 2015 est l’année qui a connu le moins d’accidents de la route et le moins de victimes sur la période étudiée, 2016 marque une reprise du nombre total de victimes, au-dessus de 2012 et 2013, et nettement au-dessus de 2015 (8 en 2016, contre 2 en 2015) ; le nombre de blessés hospitalisés est aussi plus élevé : 6 en 2016, contre 2 en 2015, et l’on déplore un accident mortel.
Relire également Pourquoi l’expérimentation des 80 km/h ne tient pas la route (notamment : des travaux améliorant la route ont été effectués sur 2 tronçons)
Lire également l’analyse critique de l’étude de 40M par la sécurité routière :
Notons que seule la ligne “2016” peut être comparée aux autres années, dans la mesure où les périodes 07/2015-12/2015 et 01/2017 – 06/2017 ne sont pas des années complètes… En résumé, il y a eu entre juillet 2015 et juin 2017, en moyenne par an :
- 9 accidents (contre 12 en 2013 et 2014, ou 18 en 2010)
- 1,5 accidents mortels (contre 2 les années précédentes)
- 1,5 tué (contre 2 ou 3 les années précédentes)
- 21,5 blessés (contre 22 ou 17 les années précédentes, voire 30 si on remonte à 2010)
Bref, en d’autres termes, il n’est pas possible de conclure quoi que ce soit de cette expérimentation.
Lire également l’article du Point :
Mais que faisait donc l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) jusqu’à présent ? Cet organisme d’étude, obéissant aux règles de la statistique publique, est celui qui doit livrer à la France qui l’attend le bilan de l’expérimentation du 80 km/h sur routes secondaires. Faute de l’avoir fait, l’association 40 Millions d’automobilistes a tenté et réussi à reconstituer une forme de bilan, de manière certes empirique, mais aux conclusions plutôt édifiantes. (NDLR : les chiffres de l’accidentalité sont publics, ainsi n’importe quel journaliste aurait pu/dû vérifier…)
Alors que l’expérimentation lancée par Bernard Cazeneuve avait été projetée sur une durée de deux ans (juillet 2015-juillet 2017), la Sécurité routière admet que cette durée est incompatible avec des résultats fiables. « L’ONISR rappelle que seule une période de 5 ans permet d’apprécier des phénomènes accidentologiques », peut-on lire dans le communiqué de la Sécurité routière. (rappel : l’expérimentation sur le 80 km/h a duré 2 ans, l’analyse de 40 Millions d’automobilistes porte sur 4 ans, ndlr)
Suit une bataille de chiffres sur les trois tronçons concernés, l’ONISR estimant que 40 Millions d’automobilistes a inclus dans son étude des tronçons à 70 km/h et des traversées urbaines non concernées par la diminution de la vitesse. Mais puisque deux ans sont insuffisants, à quoi bon continuer à gloser sur des résultats que nous qualifions hier de non représentatifs compte tenu, outre ces deux années, de la taille des routes étudiées limitées à 86 kilomètres.
Puisqu’il y a changement de stratégie, la conviction du Premier ministre s’appuie désormais sur une recommandation adoptée le 16 juin 2014 par le Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Tirée du premier rapport du comité des experts du CNSR de novembre 2013, celle-ci expose que cette baisse de vitesse serait susceptible d’épargner entre 300 et 400 vies par an. Chiffre largement contesté par bon nombre d’experts qui le tiennent pour fantaisiste.