Allons-nous avoir droit, comme lors des plans précédents de sécurité routière, à une accumulation de mesures disparates 100% répressives, un copier-coller des dépliants publicitaires des vendeurs de répression et des idées paranoïaques de la Ligue Contre la Violence Routière et de sa caution « scientifique » l’immuable Claude Got? Le Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) nouvellement remanié , encore une fois tenu à l’écart, est-il définitivement enterré ou ramené au rang de comité Théodule?
Rappel des faits : CNSR et plan sécurité routière 2015
En 2015, après 3 années de réunions où des solutions novatrices étaient enfin évoquées au sein de ce conseil, Manuel Valls balaie d’un trait tout ce travail pour annoncer unilatéralement un plan sécurité routière purement sécuritaire au sein du Conseil Interministériel de Sécurité Routière du 02 Octobre 2015 échafaudé à la hâte. Les associations d’usagers ayant enfin trouvé une écoute au sein du CNSR, notamment 40 Millions d’Automobilistes et la FFMC, ce ne fut pas du goût de Claude Got trônant à la tête du comité d' »experts » qui claqua bruyamment la porte en compagnie de Claudine Perez-Diaz, sociologue et chargée de recherche au CNRS; Tout ceci bien sûr suivi d’une tribune dans Le Monde, faisant parti de son réseau médiatique habituel.
Il s’en suivi la rocambolesque découverte par la Ligue Contre la Violence Routière d’un rapport soit disant maintenu secret, mais cependant public, de l’Inspection Générale de l’Administration selon lequel la moitié des infractions n’entrainerait pas de retrait de points ; L’occasion pour la LCVR de court-circuiter Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, et d’exiger, au cours d’une nouvelle tribune médiatique, de Manuel Valls une reprise en main énergique de la Sécurité Routière qui déboucha sur ce CISR de 2015.
Relire notre article sur l’expérimentation du 80 km/h
La vision de la sécurité routière du candidat Macron
Notre priorité est la prévention. Nous favoriserons pour cela la conception d’automobiles toujours plus sûres. Nous continuerons donc de soutenir les industriels dans leurs travaux de R&D et adapterons la réglementation aux évolutions technologiques, notamment concernant les véhicules autonomes. De même, les efforts devront être poursuivis s’agissant de l’amélioration des infrastructures, des campagnes de sensibilisation et de la formation à la conduite.
Ensuite, la politique de sécurité routière doit retrouver son caractère interministériel afin de mieux concilier la prévention, la répression, l’aménagement des infrastructures et les véhicules que nous venons d’évoquer. Nous engagerons des actions ciblées en faveur des usagers les plus vulnérables, notamment les 2 roues et les piétons.
Enfin, il est nécessaire de poursuivre le déploiement de nouveaux radars avec de nouvelles fonctionnalités, afin de garantir le respect des limitations de vitesse et de lutter avec sévérité contre les infractions à l’origine du plus grand nombre de victimes (téléphone et alcool au volant notamment)
L’importance des enjeux de sécurité et de santé publique nous interdit de baisser la garde. Néanmoins, cette vigilance nécessaire doit s’exercer avec pertinence. Ses objectifs ne doivent pas être détournés et ses recettes financières doivent continuer à bénéficier aux actions de sécurité routière, nous y veillerons.
Nouveau plan Macron pour améliorer la sécurité routière
Conformiste, dans la droite ligne de ce qui a été fait jusqu’à présent ou avec enfin une politique de rupture, s’attaquant aux vrais problèmes plutôt qu’au portefeuille des automobilistes ? Emmanuel Macron a annoncé mardi devant les préfets la présentation le mois prochain d’un nouveau plan pour améliorer la sécurité routière face à des chiffres récents qui « ne sont pas bons ».
Si ce n’était la démonstration criante de l’inutilité des radars et de la répression aveugle qui ne touche pas les vrais délinquants de la route, on se demande bien ce que c’est. […]. Il y a tout à redouter d’un sujet aussi médiatique et démagogique que la sécurité routière dont les différents gouvernements n’ont fait qu’un outil de propagande plutôt qu’un sujet de sécurité publique. Or, les différents gouvernements ont privilégié les « mesures qui rapportent » par rapport « aux mesures qui coûtent », au premier rang desquelles se trouve la formation des conducteurs.
[…] Avec 3 477 tués, on est bien loin de l’objectif fixé en 2012 par Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, de passer sous la barre des 2 000 morts en 2020. Mais on est aussi six fois en dessous de la mortalité des accidents domestiques dont on n’a jamais entendu parler dans la bouche d’un ministre ou d’un président. Cela fait vulgaire sans doute et il n’y a pas de PV à dresser en bas des escaliers ou sur les bords d’une piscine.
Un iceberg immergé de causes
Pour revenir dans le vert sur les routes, « il faudra des efforts à tous les niveaux de la société », avait souligné le 21 août le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe, un fonctionnaire hérité de François Hollande, en rappelant que tous les comportements (conducteurs de véhicules, cyclistes, piétons) pèsent dans la balance. À vrai dire le même sempiternel discours. (relire également «Le secteur du transport routier est criminel» selon Emmanuel Barbe)
Samedi, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb avait souligné, au sujet des contrôles de vitesse, qu’il faut absolument empêcher qu’il y ait des morts sur les routes, en particulier des jeunes », rappelant que les excès de vitesse restent l’une des trois causes principales de mortalité routière, avec l’alcool et les stupéfiants. Sauf que rien n’y fait et la vitesse retenue en tant que telle et non décryptée comme une conséquence d’autres causes combinées (fatigue, somnolence, inattention, inexpérience, etc.) sera toujours la partie émergée de l’iceberg de la sécurité routière dont on ne veut pas voir les fondements…
Poursuivre la lecture sur Le Point
Pour comprendre cette insistance sur les radars, relire :