Le système Vélib’ devait rapporter 3M€ à la Ville (2007). Au final il lui en coûtera 16M€ (2013)
Alors que le marché d’exploitation de Vélib’ arrivait à terme le 28 février 2017, la mairie a octroyé, au mois de juillet, une rallonge de dix mois au groupe JCDecaux, le gestionnaire.
Dans ce document de 66 pages que nous nous sommes procuré, les inspecteurs de la Ville se montrent très critiques sur le contrat passé en 2007 avec JCDecaux : manque de transparence des comptes, engagements non tenus de la part de la Somupi (filiale du groupe JCDecaux en charge de Vélib’)… «Si le recours à une société dédiée pour gérer le marché public pouvait laisser présager une meilleure transparence des financements (investissements, exploitation, recettes publicitaires), la réalité est tout autre», regrettent les auteurs. «L’équilibre du contrat, fortement modifié par trois avenants et deux transactions, est aujourd’hui en défaveur de la Ville», insistent-ils à plusieurs reprises.
Un coût annuel de 16 millions d’euros pour la mairie de Paris
On est bien loin de ce qui avait été annoncé en 2007 lors du lancement du service. «La société JCDecaux assume l’entretien et l’exploitation de Vélib’: cela ne coûte donc pas un centime au contribuable ! Au contraire, notre collectivité percevra une redevance annuelle de 3 M€ […]», se félicitait Bertrand Delanoë, alors maire (PS) de Paris. Selon l’inspection générale, la facture est, en fait, plutôt salée pour la Ville, surtout avec l’extension du service en banlieue. Pour la seule année 2013, les inspecteurs ont calculé que Vélib’ a coûté 16 M€ à la mairie (ndlr : à ceci s’ajoutent les recettes publicitaires, abonnements… qui permettent d’avoir le coût total des vélos). Pire, on apprend en plus que la rédaction du contrat avec JCDecaux «fait courir des risques à la Ville de Paris». «Les conditions de sortie du contrat à son échéance sont lacunaires ; ce qui pourrait rendre les négociations délicates avec la Somupi […] Situation d’autant plus dommageable que c’est la Ville de Paris qui a financé la totalité des investissements (matériels, logiciels) permettant à la société JCDecaux d’améliorer son savoir-faire et de se positionner en leader sur le marché», soulignent les inspecteurs.
Article du Huffpost en 2015 : Ce n’est pas la première fois que le contrat de gestion de Vélib’ est pointé du doigt. En 2012 déjà, la chambre régionale des comptes avait émis de sérieuses réserves. «Le contrat de 2007 était une première en la matière. Nous en avons tiré des enseignements pour le nouvel appel d’offres : notamment sur les critères de qualité de service qui, au final, devenaient avantageux pour l’opérateur, ou les problèmes de vandalisme dont les coûts avaient été sous-évalués», admet-on au cabinet de la maire de Paris. «Et dans le prochain contrat, la Ville ne payera pas pour les stations des villes de banlieue», précise-t-on à l’Hôtel de Ville. Le groupe JCDecaux n’a pas souhaité répondre à nos questions, invoquant «la nouvelle procédure d’appel d’offres en cours»
Un tiers de la facture provient ensuite des actes de vandalisme. « Le nombre de vols et le niveau du vandalisme nous ont surpris », confie Albert Asséraf, directeur de la stratégie chez JC Decaux, au quotidien le Monde. Seul un sixième de la facture s’explique par l’entretien et la réparation des deux-roues.
A titre de comparaison, le budget moyen annuel d’un automobiliste est de 3300 euros, selon QuelleAutomobile.fr. Cela inclut 1500 euros d’essence, 320 d’assurance, et 460 d’entretien et réparation. Toutefois, certains systèmes de promotion du vélo sont également moins coûteux. A Strasbourg, la municipalité a opté pour une location longue durée, dont le coût de revient ne dépasse par 400 euros par an.
NDLR : il y a 16 792 vélibs en circulation ce jour (le nombre en réparation n’est pas connu). 16 M€ en 2013, soit environ 1 000€/vélib, hors coûts couverts par les recettes (publicitaires, abonnements…)
NDLR 2 : un vélo « normal » coûte entre 100 et 600€. Le coût annuel d’entretien de chaque vélib correspond donc au prix d’achat de quelques dizaines de vélos…
Les vélibs font parfois le tour du monde…
Ou sont tout simplement jetés…
3 Responses
Ce qui est désolant, c’est l’état pitoyable des vélibs, autant que leur non disponibilité. Je les utilise rarement, mais une fois sur 2, celui que je prends a un problème, les plus fréquents :
– la tige de selle ne serre plus rien,
– les vitesses passent mal, ou débraient sans raison.
– la chaine déraillée
Le niveau de vandalisme est scandaleux.
A noter qu’il n’est pas facile de se plaindre sur le site du vélib, les appréciations ne sont pas de mise.
Bonjour,
Certes, l’état des velibs n’est pas toujours au top, mais il suffit de bien le choisir a la station de départ. La coopération de usagers mettant la selle retournée en cas de problème est un gain de temps précieux pour les usagers comme les responsables de la maintenance du systeme.
Un velib coute 4000 euros par an, c’est certe cher, mais rappelons qu’il y a tout de même 274.000 abonnés a l’année à Velib. S’y ajoutent les abonnés hebdomadaires et quotidiens. Il y a en tout un peu plus de 15.000 velos en circulation. Un velo est donc en moyenne partagé par plus de 17 utilisateurs. C’est loin des (allez je suis sympa) 5 usagers par voiture. Vous devriez comparer ce qui est comparable. Le diagramme aurait du représenter le cout PAR UTILISATEUR et non par velo. Le velib coute moins cher que la voiture.
A titre de comparaison pour mon velo personnel je dois débourser dans les 20 euros par moi pour son entretien (et je suis économe, et je ne compte pas les fois ou je dois racheté un velo et un antivol car on m’a subtilisé l’ancien). A l’année cela doit représenté un cout par usager equivalent au velib. Au final je ne trouve pas ca si cher.
Bonne soirée,
Hubs
Bonjour,
Merci pour votre commentaire constructif. En effet, il est plus pertinent de représenter le coût par utilisateur, voire même par trajet, afin de pouvoir comparer aux autres modes de transports.
Dans ce cas, les chiffres ne sont pas tous connus.
Si l’on part sur un coût de 4 000e/an/Vélib et 16 700 Vélib nous avons donc un coût global de 66,8 millions par an. Ainsi, il est possible d’acheter chaque année (et donc pas besoin dentretien), un vélo d’occasion à 1 million d’habitant de la région parisienne, ou bien un vélo neuf (à 250€, donc bonne qualité) à 267 000 utilisateurs. Et ce, tous les ans !