Ce 8 octobre 2018, Elisabeth Borne n’est pas encore première ministre chargée de la planification écologique, mais ministre des transports, lorsqu’elle réunit les quinze villes et métropoles les plus polluées de France pour « lancer une dynamique irréversible au niveau tant national que local » : le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE).
près deux missions de l’Assemblée nationale et du Sénat, et avant celle confiée par Elisabeth Borne à l’ex-ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, un rapport formulant « 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale » a été remis, lundi 10 juillet, à l’actuel détenteur du poste, Christophe Béchu. Le ministre a décidé de desserrer la bride aux agglomérations non concernées par des dépassements des seuils de pollution. « L’objectif n’est pas d’ennuyer les Français ni de faire des mesures anti-pauvres mais d’en finir avec le nombre de morts de la pollution de l’air qui est encore de 47 000 par an », a-t-il rappelé lundi.
Rappelons que ce chiffre de 47 000 n’est pas correct pour 3 raisons (relire notre étude sur les ZFE) :
- le transport routier ne contribue qu’à hauteur d’une dizaine de pourcents à la pollution de l’air
- une partie non négligeable de la pollution de l’air vient de l’extérieur de la ville (Par exemple, en mars 2023, seuls 11% des particules fines mesurées à Paris provenaient de Paris même, 8% de France et 42% provenaient d’Allemagne et Belgique.)
- les ZFE ne contribueront qu’à la marge à la baisse des particules fines dans l’air dans la mesure où il n’y a pas d’écart significatif d’émissions totales de particules entre les véhicules électriques à forte autonomie et les véhicules thermiques neufs actuels. Tous les véhicules émettant notamment des particules fines lors du freinage ou du frottement des pneumatiques et plus aucun véhicule thermique neuf n’émettant de particule à l’échappement.
Dans une récente consultation menée par le Sénat, à laquelle plus de 50 000 personnes ont répondu, 86% des Français s’y disaient opposés. Tous pointaient l’inégalité d’une telle mesure, avec des ménages précaires relégués en dehors des grandes villes faute d’avoir assez d’argent pour changer de véhicule. « Il s’agit d’une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d’égalité d’accès au centre de ville selon que vous soyez aisé ou non », déplorait un participant à la consultation. « Il y a une discrimination flagrante entre les différents citoyens ; il y a ceux qui ont les moyens de suivre la technologie requise et les autres ».
Un changement récent est par exemple le fait que les vignettes Crit’Air 5 sont finalement autorisées jusqu’en 2025 dans l’ensemble des agglomérations sauf cinq, à savoir Strasbourg, Marseille, Lyon, Paris et Rouen.
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