Eurovia (groupe Vinci) lance Power Road, une route qui récupère la chaleur du bitume chauffé par le soleil.
Il y a deux ans, le lancement de Wattway , la route solaire de Colas (filiale routière de Bouygues) avait fait sensation. Eurovia (filiale routière de Vinci) espère le même accueil pour Power Road, présentée ce lundi. Elle se veut une « route à énergie positive », mais Wattway et Power Road « ne sont pas comparables, assure Pierre Anjolras, président d’Eurovia. L’une produit de l’électricité, tandis que Power Road produit de la chaleur et ce, sans modifier l’aspect de surface », qui reste ce que les professionnels appellent un « enrobé » (en langage courant le bitume ou l’asphalte).
Le principe de Power Road, marque déposée par Eurovia, n’est pas sans rappeler les sols chauffants. Des tubes en serpentin sont noyés dans le bitume. Un fluide circule en circuit fermé dans ces tubes pour récupérer la chaleur de l’asphalte chauffé par le soleil. Cette chaleur « peut par exemple être utilisée pour le chauffage et l’eau chaude des bâtiments avoisinants », illustre Pierre Anjolras.
Lorsque l’installation est couplée à de la géothermie, ce même fluide peut aussi, à l’inverse, chauffer la route en hiver pour la déneiger ou éviter le verglas. « Le savoir-faire est dans la formulation de l’enrobé, qui est un brevet d’Eurovia », explique le président.
Cette « route à gestion de chaleur » a été testée pour la première fois en 2013 pour sa fonction déneigement. Un autre test a été lancé en juillet 2017 sur 500 m2 d’accès au parking poids lourds du péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines (78) sur l’autoroute A10, gérée par Cofiroute (groupe Vinci). La zone test inclut un bâtiment de Cofiroute que Power Road, couplé à une pompe à chaleur, doit contribuer à chauffer.
Eurovia, qui ne communique pas sur l’investissement qu’a représenté Power Road, fait valoir que sa technologie ne rallonge que de 15 % le temps de réalisation d’une route neuve ou en réfection. Mais le coût pourrait être une barrière. « Power Road revient à environ 250 euros le m2. Soit un peu plus de deux fois le coût d’un simple revêtement. Cependant il faut le mettre en perspective avec le coût d’un aéroport ou d’une route fermée pour cause de neige ou de verglas, rétorque Pierre Anjolras. Et ne pas raisonner sur le seul coût mais sur le bilan socio-économique des différentes fonctionnalités que nous proposons ».