Depuis des lustres, les hautes sphères de la Sécurité Routière tentent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Cela fait tellement longtemps que les autorités confondent autour et alentours, préférant la répression lucrative à la sérénité salvatrice, oubliant sciemment la finalité humaine sous la pression économique des écus de Bercy.
Dans ce cortège de personnalités vertueuses de la République, deux ou trois noms me viennent bizarrement à l’esprit: Christian Gérondeau, Monsieur Sécurité à ses heures, célèbre initiateur de la limitation de vitesse généralisée et toujours persuadé que sans lui, le monde irait beaucoup moins bien, Jean-Claude Gayssot, meilleur combattant du négationnisme qu’artisan de l’éducation routière ou plus proche de nous, Michèle Merli, femme flic devant marquer les esprits à grands coups de propagande chiffrée à défaut de prodiguer des solutions efficaces tout en s’entourant de grands penseurs au détour de multiples missions et de commissions stériles onéreuses.
S’il y avait des résultats probants, cela se saurait depuis longtemps…
Chantal Perrichon, Ligue contre la violence routière… Au nom de quelle liberté?
Et puis, nous avons Chantal Perrichon, soixante-huitarde MLF, qui se ligue depuis une quinzaine d’années contre la violence routière, une énième raison d’être pour cette ex étudiante en psycho, devenue célèbre par quelques savoureuses prises de position et se plaisant à haranguer les foules médiatiques dès qu’un micro lui est ouvert.
Avocate de la condition humaine, cette ancienne collaboratrice de Jean-Paul Benzecri, célèbre statisticien qui perdit son épouse dans un accident de la route, Chantal Perrichon s’évertue depuis lors à combattre la violence routière, souvent aveuglée par des certitudes personnelles et des haines parano. Persuadée que l’automobile est la cause de tous les maux, que la vitesse est assassine et que les conducteurs sont de vilains méchants malveillants, notre féministe se perd dans des envolées démagogiques dès qu’on lui donne la parole.
Pour entretenir le mythe de la femme citoyenne dont elle s’est arrogée le titre suprême, cette spécialiste de la communication au CNRS sait déceler dans l’opinion publique, les thématiques fortes et les tendances actuelles pour les mettre en exergue, sans pour autant distiller dans ses propos quelque solution réaliste. Passionnée de l’idéal et VRP de luxe d’une cause devenue arlésienne, Chantal Perrichon perd toute sa crédibilité dans les dédales de ses diatribes.
Egarée dans la pensée unique qui lui est propre, elle ne s’aperçoit même pas qu’elle est, malgré elle, la main spirituelle instrumentée d’une cause politique qui la dépasse. En défendant bec et ongles les principes fondamentaux de la sécurité routière, Chantal Perrichon fait le lit des excuses électoralistes des échecs en la matière, des programmes politiques qui se sont honteusement succédés depuis plusieurs décennies. Chaque candidat à la Présidentielle, élu ou renvoyé dans ses 22 par le Peuple, a fait l’éloge des bienfaits de sa politique routière sécuritaire, tendant à l’extrême la corde sensible des pertes de vies humaines et des laissés pour compte que deviennent les blessés graves. Certains en ont même fait un plan prioritaire, une cause nationale… Menteurs !
Foutaise, Madame Chantal Perrichon , que ces Politiques qui utilisent votre désormais célébrité pour cacher leurs incompétences et asseoir leur quiétude intellectuelle. Surfant sur la vague de quelques dossiers que vous avez menés avec un talent certain dont le plus conséquent restera l’interdiction de l’amiante, confiant dans les images fortes que vous savez relayer au gré de vos envolées verbales incandescentes, vous vous perdez dans les attaques hostiles et les propos utopiques de vos motivations déviées par le dogme de vos convictions extrêmes. Car au fond, vous ne proposez rien de vraiment réaliste, ni sur le court, encore moins sur le long terme. Rien de concret, de sérieux ou de durable! Juste la certitude qui vous hante, que la vitesse, l’alcool et le téléphone, au volant, sont la cause de tous les maux et qu’il faut réprimer à outrance pour que cela cesse…
Jolie philosophie de vie que de croire qu’il suffit d’interdire la pluie pour que le ciel soit bleu. Belle utopie que de transférer les responsabilités des uns sur la marginalité des autres. Mais savoureux prétexte pour nos gouvernants que d’exploiter le filon de la chasse aux délinquants routiers pour pomper joyeusement dans leurs besaces les millions d’euros qui manquent à l’Etat pour assouvir ses excès et ses largesses bananières.
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Pourquoi refusez-vous de comprendre que le mal qui ronge la sécurité routière est ailleurs? Pourquoi considérer la limitation de vitesse comme la panacée universelle, seule responsable de la baisse spectaculaire du nombre des tués sur la route? […]
Le permis de conduire devrait être un diplôme officiel national comme l’est le baccalauréat. Son accès gratuit à tous devrait être un principe fondamental obligatoire de notre démocratie qui se dit moderne. Le permis de conduire, c’est la liberté culturelle, l’évolution sociale, l’ascension professionnelle, la garantie du lendemain… pour les hommes et pour les femmes de notre Pays.
[…] Ce n’est pas en interdisant, en punissant, en ponctionnant que l’on solutionne durablement un problème de cet ordre. Juste le temps de l’illusion recherchée par nos énarques. La vraie thérapie passe par l’éducation. Ce sont nos enfants qui hériteront de nos déviances sociales. Au risque de bouleverser des équilibres lobbyistes, des intérêts privés ou des ambitions personnelles démoniaques, nous devons avoir la volonté de donner l’exemple à nos jeunes en leur donnant les moyens de s’éduquer. Au lieu de donner les leçons de morale aux pays émergents, il conviendrait de balayer devant nos portes pour faire ce que l’on dit et non dire ce que l’on ne fait pas. L’éducation, chère Madame, voilà le maître mot du succès de demain si l’on veut que notre société devienne meilleure.
L’insécurité routière dont vous vous faites abusivement la porte parole, n’est qu’une microscopique goutte d’eau dans la dégénérescence orchestrée de notre civilisation. 3 ou 4000 morts en plus ou en moins? Pensez-vous que cela va empêcher de dormir nos grands trésoriers, tenanciers par forfaiture de la tenue étatique? Bien sûr que non! Les enjeux sont ailleurs. Diviser pour mieux régner, chère Madame Chantal Perrichon , ne tombez pas dans ce piège! L’heure n’est plus à la gestion ponctuelle d’épiphénomènes. C’est un vaste chantier national, européen… probablement mondial. Va-t-on laisser nos enfants, nos petits-enfants, s’engluer dans la boue nauséabonde et meurtrière de nos incompétences notoires, de nos prétentions égoïstes et de nos luttes intestines ou va-t-on, enfin, relever nos manches, tous ensemble, unis, pour faire valdinguer ces notables qui occupent depuis trop longtemps les directoires de nos destins?
Edito publié à l’origine par Patrick RENZI sur Lemagauto.fr
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